Pour assurer la mixité, faut-il frapper les collèges au porte-monnaie ?

mardi 29 octobre 2019


Article écrit par Eva Mignot, le 09/10/2019 in Alternatives Economiques
https://www.alternatives-economique...

Le département de Haute-Garonne a mis en place cette rentrée un dispositif d’incitation financière à la mixité sociale dans les collèges, même dans le privé. Paris s’apprête à faire de même.

Si, sur le papier, une telle mesure pourrait mettre fin aux « ghettos scolaires », des effets pervers pourraient contrecarrer les plans de ces collectivités.

Réforme du lycée, instruction obligatoire à trois ans, dédoublement des classes de CP et CE1 dans les zones d’éducation prioritaire… les mesures nationales dans l’éducation vont bon train en cette année 2019. Mais la lutte contre la ségrégation sociale, elle, ne fait visiblement pas partie des priorités du gouvernement.

Cela n’empêche pas certaines collectivités de prendre les choses en main, à l’instar du département de la Haute-Garonne. « Tout est parti d’une étude que nous avons faite au conseil départemental, qui montrait d’énormes différences entre établissements », retrace Marie-Claude Leclerc, vice-présidente chargée de l’éducation et de l’enseignement. « Certains collèges accueillaient 5 % ou 10 % d’élèves d’origine sociale défavorisée tandis que d’autres, en REP+ (éducation prioritaire renforcée, ndlr) en avaient 85 % voire 90 % ! Nous avions déjà conscience de ces problèmes mais avoir devant nous un histogramme reflétant de telles inégalités nous a incités à agir rapidement. »

Au programme : destruction de collèges classés REP pour les reconstruire dans d’autres quartiers, redécoupage des secteurs scolaires, mise en place d’un transport de bus gratuit pour les élèves rattachés à un nouvel établissement…

Rendre la mixité rentable (et la ségrégation coûteuse)

Depuis cette rentrée, un nouveau dispositif est venu compléter le plan du département : un bonus-malus pour récompenser la mixité sociale et pénaliser la ségrégation. En clair, la collectivité modulera une partie des dotations de fonctionnement attribuées aux collèges, en fonction du taux d’élèves d’origine sociale défavorisée accueillis par les établissements. « Bien entendu, nous ne touchons pas aux dépenses de chauffage ou encore aux aides à la restauration », rassure Marie-Claude Leclerc.

Le SUNDEP Solidaires avait déjà écrit à ce sujet...Nous attendons du ministère et des académies un bilan d’un tel projet qui déracine des familles entières.