Retraite avant et après la réforme 2023 : les professeures et professeurs des écoles les grandes perdant.es...

samedi 28 janvier 2023


Comment se situent les salaires et les retraites des enseignants ?

Bien des enseignants ont le sentiment d’exercer une profession peu valorisée. Une déconsidération qui se retrouve, estiment-ils, dans leurs niveaux de rémunération et de retraite.

Dans le 1er degré, un enseignant débutant gagne 9% de moins que la moyenne de l’OCDE, écart qui monte à 20% après quinze ans d’ancienneté.

Un professeur des écoles perçoit en moyenne un traitement mensuel de 2 400€ brut, tandis qu’un enseignant certifié touche 2 700€.

Des chiffres qui masquent un grand écart entre début et fin de carrière, entre l’enseignant du public et celui du privé et enfin entre le professeur des écoles (1er degré) et le professeur certifié (2nd degré). Et qui ne tiennent pas compte des primes.

En effet, dans l’enseignement privé de très grandes disparités entre un professeur des écoles qui est titularisé par concours et celui qui, après des années de remplacements (cf.maitres auxiliaires payés le SMIC) a été reçu au concours Sapin, par exemple, pour résorber la précarité. Ces derniers ont pour la plupart réussi des concours niveau Bac+3, mais recrutés Bac +5, avec un statut d’institutrice ou instituteur -sans aucune possibilité d’avancement d’échelons-... cf.décret n° 86-83 du 17 janvier 1986 relatif aux dispositions générales applicables aux agents contractuels de l’État.

De même, le système de primes est encore défavorable aux enseignants du 1er degré, qui ne bénéficient que de l’indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves (ISAE) , soit 100€ brut par mois alors que la liste de ses missions est très longue : rédaction des documents nombreux et variés (GEVASCO, PPRE, PAS.....) livrets scolaires avec les appréciations pour toutes les disciplines et l’appréciation générale, rencontre des tous les partenaires de soins, parents.... Le professeur des écoles est aussi un professeur principal et sans avoir le choix !

A cet effet le professeur du secondaire touchent une prime fixe équivalente (l’ISOE part fixe s’élève à 1256,03 € par an soit 104,6/mois depuis le 1er juillet 2022), à laquelle peut s’ajouter une ISOE part variable liée aux missions de professeur principal et aux heures supplémentaires( ISOE part modulable qui s’élève entre 1 289,44 € et 1 475,74 € selon la classe du professeur principal) .

D’autre part, comparés, à d’autres fonctions publiques de l’Etat, ces diverses primes représentent une part relativement faible de la rémunération des enseignants : le taux de prime n’est que de 12% pour les professeurs des écoles et de 19% pour les certifiés. Elles sont bien loin des 46% enregistrés chez les attachés administratifs de l’État ou des 53% observés chez les capitaines et lieutenants de police lorsque l’on compare les grilles de salaires des différents agents de la Fonction Publique.

Pourquoi cette réforme est-elle injuste pour les enseignant.es du public ?
A l’époque l’ancien premier ministre, Édouard Philippe, l’avait lui-même reconnu : « L’application absurde des nouvelles règles pénaliserait les enseignants. » Actuellement, les retraites des enseignants du public sont calculées sur les six derniers mois de carrière hors prime. Un système qui assure un relativement bon niveau de pension : il s’élevait à 2 600€ en moyenne pour les nouveaux retraités partis en 2017, selon le dernier bilan social du ministère de l’éducation nationale. Mais cette moyenne cache des écarts, de 1 800 à 3 600€, selon la catégorie et le degré d’enseignement. Et qu’advient-il pour les enseignant.es de l’enseignement privé sous contrat si l’ampleur des dégâts est réelle pour l’enseignement public ?

La situation est PIRE pour les enseignant.es de l’enseignement privé !!!
Le calcul des retraite des enseignant.es du privé est calculé sur les 25 meilleures années puisqu’ils dépendent du Régime Général. Avec des carrières hachées, puisqu’il s’agit d’un métier ultra féminisé. Que d’économies le gouvernement fait sur le dos des enseignant.es sous contrat du privé !

Quelles sont les sorties de crise possibles ?
Pour compenser, le gouvernement a promis de revaloriser leurs rémunérations. Une chose est sûre : cette année, il y a de l’argent sur la table. Le budget total du ministère de l’Education est en hausse de 3,7 milliards d’euros (à 59,7 milliards d’euros). Près de la moitié de cette augmentation s’explique par le dégel du point d’indice des fonctionnaires, revalorisé de 3,5 % en juillet dernier, ce qui n’ajuste pas pour autant leurs salaires par rapport à l’inflation qui a bondi à 5,2 % en 2022 selon l’Insee.

En dehors du point d’indice, une enveloppe de 935 millions d’euros est prévue dans le projet de loi de finances 2023 pour revaloriser les enseignants. C’est sur cette enveloppe que portent les discussions. Elle se décompose en deux parties : 635 millions sur les 4 derniers mois de 2023 (soit 1,9 milliard en année pleine) sont dédiés à une augmentation moyenne de 10 % des salaires des enseignants dès la rentrée de septembre. Le reste, 300 millions, est alloué à l’augmentation associée au « pacte » qui prévoit d’augmenter les enseignants acceptant de nouvelles missions.

A l’entre deux tours des élections présidentielles, il était question que le président augmente de 10% les salaires. Depuis, le ministre de l’Education assure que le président n’a jamais promis de revaloriser tous les enseignants mais qu’il s’agit d’une augmentation moyenne pour l’ensemble des enseignants.

Bref, c’est mathématiques, sans augmentation des salaires, les retraites seront bien maigres...

Les revendications du SUNDEP Solidaires :

 La parité des droits à la retraite public/privé comme l’exige la loi

 Retraite à 60 ans max. Avant si pénibilité et carrière longue
 Suppression des annuités comme condition pour accéder au taux plein.
 Intégrer les primes au calcul des retraites
 Retraite doit être indexée sur les salaires eux-mêmes indexés sur l’inflation.
 Pas de retraite sous le SMIC (2000 brut revendiqué)
 Fin des exonérations de cotisation
 Intégration des retraites complémentaires (régime à points) dans les régimes de base.